Annexe 6 : L'écriture inclusive à ritimo

Pourquoi l’écriture inclusive ?

Tout d’abord, rappelons qu’une langue est avant tout un produit culturel, fruit de son histoire sociale, économique et politique : elle n’est ni a-temporelle ni figée. Eliane Viennot, professeure émérite de littérature française de la Renaissance à l’Université Jean Monnet (Saint-Etienne), rappelle notamment que l’orthographe française complexe relève d’une volonté des élites d’établir une différenciation entre "celleux qui savent" et "celleux qui ne savent pas", en fonction du type d’éducation reçue. De la même manière, elle rappelle que c’est au XVIIIe siècle que des règles comme "le masculin l’emporte sur le féminin" sont établies, en invoquant des arguments ouvertement sexistes (celui de prioriser "le plus noble des deux sexes", par exemple).

Il est important de re-contextualiser les règles linguistiques dont nous avons collectivement hérité, car cette perspective historique nous permet d’envisager des évolutions à cette langue. En effet, ce sont les personnes qui font vivre une langue, qui est ensuite systématisée, codifiée, normalisée par des instances comme l’Académie Française —et non l’inverse. Puisque nous avons hérité d’une langue qu’une élite a souhaité moduler en fonction de considérations sexistes, faisons-la évoluer !

Petit retour sur le parallèle entre structures sexistes de la langue française et discrimination effective. Dire que parler des "droits de l’Homme" englobe "évidemment" les femmes, c’est oublier que ces droits n’étaient vraiment reconnus qu’aux hommes jusqu’il y a bien peu de temps. La constitution de 1946 déclarait d’ailleurs que "ces droits s’appliquent également aux femmes" —précision importante lorsque cela n’était pas le cas auparavant. De la même manière, parler des "travailleurs et ouvriers en grève en 1936" (plutôt que travailleur·euses et ouvrièr·es en grève) reflète l’absence criante de figures féminines dans une Histoire écrite au masculin. Enfin, lorsqu’on regarde la définition de "cheval" dans le dictionnaire, on lit : "mammifère à quatre pattes, herbivore, etc.". Au contraire, la jument est "la femelle du cheval". Preuve s’il en est que le masculin est érigé en universel, alors que le féminin, particulier, est toujours défini en fonction du masculin.

En quoi est-ce important ? Allons-nous réellement réduire les inégalités entre femmes et hommes en changeant notre façon d’écrire ? Bien évidemment, le problème est bien plus large et plus complexe que cela. Mais malgré tout, nous pensons avec des mots qui forment des concepts : mettre au défi notre façon de parler, de penser, de percevoir et concevoir le monde, en direction de l’égalité des genres, ne peut pas être une entreprise complètement vaine. C’est surtout une alternative concrète, immédiate, qui est applicable là-maintenant-tout-de-suite et ne requière que notre bonne volonté et un peu de flexibilité pour faire évoluer ses habitudes.

(Texte de présentation de Caroline Weill, AG ritimo janvier 2019)

Préconisations ritimo pour l'utilisation de l'écriture inclusive (en cours)

L'écriture inclusive ne doit pas être ajoutée dans des citations ou des textes officiels.

  • L’abréviation, en utilisant le point médian "·" ; celui-ci présente l’avantage d’être un caractère qui n’est utilisé nulle part ailleurs, et donc ne véhicule aucune connotation (la parenthèse est un élément de phrase moins important, le point du bas est utilisé pour marquer la fin d’une phrase, etc.). C’est un élément neutre et donc adapté et adaptable à cet usage.

  • L’ordre alphabétique : lors d’énumération (celles et ceux, elles et ils), pour éviter de se poser la question de qui est en premier (et donc "favorisé"), on met les mots dans l’ordre alphabétique. Ainsi, on aura "des acteurs et actrices" et "celles et ceux".

  • La règle de proximité : l’accord se fait en genre et en nombre avec le mot le plus proche de l’adjectif ou du participe passé. Par exemple : "des chanteurs et des actrices iraniennes", ou bien "des tabourets et des chaises vertes".

  • La règle de sens : lorsqu’on se trouve devant un groupe de 99 femmes et un homme, on dit que "ces femmes et cet homme sont gentilles".

  • La féminisation des noms de métier : une auteure (ou autrice, pour que cela s’entende à l’oral), une maire/mairesse, etc.

  • Le pluriel n'est pas séparé du féminin « commerçant·es » et non « commerçant·e·s »

  • Éviter de tronquer les mots qui ont plus d’un « e » de différence, ou plus d’un « e » + une consonne double = plutôt écrire les deux mots autre possibilité : après le point médian commencer par la première lettre qui change : lanceur·se d'alerte (et non lanceur·euse), amateur·rice (et non amateur·trice)

  • Quand on a la place, utiliser des doublets par ordre alphabétique (exemple : les animateurs et animatrices) ; sinon utiliser le point médian comme une simple abréviation (exemple : citoyen·ne

Le point médian

Ici des instructions sur où le trouver (wikipédia).

Sur PC (Windows)

A l’image des différentes marques de ponctuation , vous pouvez réaliser le point médian en utilisant la touche alt en combinaison avec une suite de chiffres, à condition que votre clavier dispose d’un pavé numérique séparé.

  • Touche alt enfoncée

  • Touches frappées successivement :0 +1 +8 +3

  • Touche alt relâchée

autre possibilité : Alt + 2 5 0

Vous pouvez également utiliser la table des caractères sur Windows pour insérer ce caractère.

Vous pouvez récupérer ce caractère plus bas dans notre presse-papier pour le copier et le coller directement dans l’application que vous utilisez.

Sur Mac

Sur les claviers configurés en français, le point milieu peut être composé avec la combinaison de touches suivantes :

alt + ⇑ maj + F

Autre méthode : ouvrez la liste des caractères spéciaux pour insérer le point médian au fil de la frappe. Copier-coller le point du milieu

Sur Linux

En fonction de votre norme de clavier, voici les différentes combinaisons de touches à saisir :

Dans un premier temps, ouvrez un terminal (ou console de commande), en appuyant simultanément sur les touches CTRL+ALT+T, et tapez la commande setxkbmap -query pour connaître votre configuration clavier.

  • AltGr + ⇧ Maj + ; (oss/français [variante], oss_latin9/français [variante, Latin-9 uniquement], mac/français [Macintosh], oss_nodeadkeys/français [variante, sans touche morte], oss_sundeadkeys/français [variante, touches mortes Sun])

  • AltGr + ⇧ Maj + 1 (latin9/français [variante obsolète], latin9_nodeadkeys/français [variante obsolète, sans touche morte], latin9_sundeadkeys/français [variante obsolète, touche morte Sun])

  • AltGr + : (français, français [sans touche morte], français [touches mortes Sun], belge)

  • AltGr + . (français suisse [clavier générique 105 touches PC])

  • ⇧ Maj + AltGr + . (bepo/français [Bépo, ergonomique, façon Dvorak], bepo_latin9/français [Bépo, ergonomique, façon Dvorak, Latin-9 uniquement])

  • ⇧ Maj + * (du pavé numérique) (oss/français [variante], bre/français [breton], oss_nodeadkey/français [variante, sans touche morte], oss_sundeadkeys/français [variante, touches mortes Sun])

  • AltGr + * (du pavé numérique) (oss_latin9/français [variante, Latin-9 uniquement], bepo/français [Bépo, ergonomique, façon Dvorak], bepo_latin9/français [Bépo, ergonomique, façon Dvorak, Latin-9 uniquement])

  • AltGr + ⇧ Maj + U + B + 7

Encodage Unicode et HTML du point d’écriture inclusive

Unicode : U+00B7

HTML :

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Bibliographie

Eliane Viennot, professeuse émérite de littérature française de la Renaissance à l’Université Jean Monnet (Saint-Etienne) et membre honoraire de l’Institut universitaire de France (2003-2013)

IncluZor·e : Convertisseuse de texte en langage inclusif : https://mots.incluzor.fr/

Manuel d'écriture inclusive, Ed. Mots-Clés, 2017, https://www.univ-tlse3.fr/medias/fichier/manuel-decriture_1482308453426-pdf

Guide d'écriture inclusive, Marijn van der Meer**,** 6 nov. 2020, https://polyquity.agepoly.ch/guide-decriture-inclusive/

Écriture inclusive : un premier bilan de la controverse, 11 octobre 2020, https://theconversation.com/ecriture-inclusive-un-premier-bilan-de-la-controverse-147630

Comment écrire « nombreux », « tous » et d’autres mots difficiles en écriture inclusive ? motscles.net, Raphaël Haddad, 11 avril 2020, https://www.motscles.net/blog/comment-ecrire-en-ecriture-inclusive

Pour une communication sans stéréotype de sexe : le Guide pratique du Haut Conseil à l’Égalité, 2016 https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/guide_pour_une_communication_publique_sans_stereotype_de_sexe_vf_2016_11_02.compressed.pdf

La rédaction non-sexiste et inclusive dans la recherche : enjeux et modalités pratiques INED, 2017 https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/26649/document_travail_2017_231_ecriture.non.sexiste_genre.fr.pdf

Qui a peur de l’écriture inclusive ? Entre délire eschatologique et peur d’émasculation : Entretien, Semen, 2018 https://journals.openedition.org/semen/10800

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